Intervention d'Olivier Limet à Ste-Adèle, au Québec, dans le cadre du sixième colloque de l’AIFI « LES COMPÉTENCES DES PARENTS ET LES FAMILLES SÉPARÉES ».
Les compétences parentales, a priori supposées suffisantes dans les familles dites "unies", peuvent, dans le cadre de séparations parentales ou de reconfigurations familiales, devenir l’enjeu de toutes
les attentions des intervenants professionnels sollicités. Aujourd'hui, les situations familiales se sont complexifiées : multiplications des séparations parentales ; diversification des configurations
familiales ; évolution du nombre (et diversification des fonctions) des parents que l'enfant sera susceptible de connaître dans sa vie ; …
Avec la diversification des formes familiales se sont aussi multipliés les repères et normes, parfois contradictoires (pensons par exemple à ce que recouvre la notion d'intérêt de l'enfant), sur lesquels
les acteurs - professionnels, parents, ou même enfants - tentent de fonder la légitimité de leurs positionnements, face à la situation particulière qui les occupe.
Face à cette infinité de situations particulières complexes, la pression est forte sur l’individu, "entrepreneur de ses compétences", contraint à développer ou restaurer des capacités d’adaptation,
parfois insuffisantes pour surmonter seul les tornades.
A l'heure de la quête de solutions rapides, et afin de "gérer plus efficacement" ces situations à l'issue si difficilement prévisible, la tentation pourrait être forte de multiplier les protocoles et autres procédures - bref, de renormaliser le monde par la voie gestionnaire et par une "prévention prédictive", et ainsi passer du soutien au contrôle … et à la check-list du parent parfait, liste qui s'allonge au fur et mesure de la complexification des nouvelles structures familiales.
A cette approche gestionnaire et prédictive, pouvons-nous opposer, à la suite de Gérard Neyrand et Michel Dugnat (1), une conception "prévenante" de la prévention et de l'accompagnement ? Pouvons-nous inclure davantage dans la réflexion avec les familles les réalités sociales et socioéconomiques, et alléger ainsi ne serait-ce que symboliquement le poids de la responsabilité individuelle ? Au-delà d'une volonté de considérer les parents comme experts de leur propre situation (2), pouvons-nous nous ouvrir aux représentations qu'a "l'Autre" de ce qui est normal ou bon ou encore juste (notamment à propos de l'enfant), et enrichir réciproquement nos modes de relations (3) ?
Pour contextualiser ces questionnements et ces pistes de réflexion, l'intervention s’appuiera sur deux situations représentatives de problématiques contemporaines, illustrées par deux brèves scénettes.
(1) NEYRAND G. & DUGNAT M., "Propos liminaire", in REVEST G., TROUVE J.-N., (dir), Familles et petite enfance,
Ramonville Saint-Agne, érès, 2006, pp 11-12.
(2) SAINT-JACQUES M.-C., TURCOTTE D., POULIOT E., Adopting a strengths perspective in social work practice with
families in difficulty: from theory to practice, in Families in Society, 90(4), October/December 2009, pp.454-461.
(3) MERCIER M. & GRAWEZ M., « Exclusions et Inclusions : actions sociales et modélisations », in L’Observatoire, N°54,
septembre 2007, pp 52-63.