J’entendais sur France Inter, le 8 avril 2021, divers reportages sur la biodiversité, et les désastreuses conséquences de sa diminution constante. J’entendais notamment parler du non-sens des monocultures, des productions (agricoles, arboricoles, …) intensives, etc.
Les journaux de la journée s’en faisaient l’écho, ainsi que les annonces des sujets abordés toute la journée autour de la biodiversité, et accessoirement autour du réchauffement climatique.
Le lendemain, sur la même chaîne, il était question des premières conséquences dramatiques, en Drôme et en Ardèche, du gel qui avait détruit jusqu’à 100 % des futures productions (d’abricots notamment).
Divers reportages (radio et TV notamment) faisaient part de ces pertes dramatiques (un producteur interrogé parle d’un minimum de 100.000 € de perte sur 6 hectares d’abricotiers, malgré l’utilisation de centaines de grosses bougies au pied des arbres, et de grosses éoliennes, gigantesques ventilateurs pulsant de l’air chaud …).
Il a été question de comment certains agriculteurs et arboriculteurs avaient tenté de sauvegarder leurs productions, et les investissements considérables en temps et en argent pour tenter de sauvegarder des récoltes : grosses bougies, air chaud pulsé, projection massive d’eau, survol par hélicoptères.
Il a été question des gestes et paroles de compassion au sein de la population, au sein du monde politique, etc.
Il a été question de comment, et de combien dédommager les agriculteurs et arboriculteurs qui ont subi de gros dégâts consécutifs aux gels.
Il a été question des assurances que les professionnels concernés pourraient ou devraient avoir contre les conséquences de tels types de gels dans les années futures.
Il a aussi été question de plaintes de personnes incommodées par les bruits et les fumées (il faut dire que, vu du plateau de Vernoux en Vivarais (Ardèche), le ciel était bleu d’un côté, et blanc-gris en direction de la vallée de l’Eyrieux et de la vallée du Rhône).
Ces jours-là, et les jours qui ont suivi, je n’ai rien entendu, ou si peu, sur le lien entre deux sujets évoqués : la biodiversité (et accessoirement le réchauffement climatique) largement abordée le 8 avril ; les conséquences (économiques) de gels de floraisons et jeunes fruits (de plus en plus précoces), pour des monocultures intensives de grandes surfaces, abordées les 9 et 10 avril.
Ni de lien, ou si peu, entre les moyens mis en œuvre par les agriculteurs qui ont fait ce qu’ils ont pu (et que pouvaient-ils faire de plus sensé ?) pour réchauffer l’atmosphère et … le réchauffement climatique.
Ni de lien entre d’une part le maintien ou redéveloppement de la biodiversité, et d’autre part le maintien de telles étendues de monocultures, par essence fragiles par l’absence de diversité, assurances à l’appui, ou dédommagements à l’appui (ce samedi 17 avril, « Jean Castex a annoncé la création d’un "fonds de solidarité exceptionnel" d’un milliard d’euros pour les agriculteurs touchés par l’épisode de gel intense ». Soyons clairs : je ne mets pas en question la détresse des agriculteurs, et la nécessité de leur permettre de survivre !
Ce que je veux pointer, c’est la nécessité de diverses formes de soutien concret pour une transition vers d’autres modes de production, permettant la diversité, permettant et encourageant des productions plus locales, diversifiées, moins fragiles.
Ce que je veux pointer, c’est l’importance que les médias, les journalistes, aient un rôle de premier plan dans les liens à faire entre de telles problématiques, permettant davantage de conscience de « nous tous », acteurs à nos manières, consommateurs à nos manières, électeurs à nos manières.
Un sujet qui en appelle bien d’autres …
Olivier Limet, le 17 avril 2021